|
|||||
|
|
Articles in English | |||
|
Un instrument pour les
archives sonores,
lArchophone, premier
appareil pratique
pour la sauvegarde des cylindres phonographiques.
|
|
|
L'Archéophone, lecteur universel de cylindres phonographiques, |
Le texte suivant est tiré de la Revue du Musée des Arts et Métiers, n°27, juin 1999. Version adaptée et enrichie en 2003.
La Belle Epoque a produit par millions des enregistrements sonores sous forme de cylindres phonographiques de cire. Cest aux Etats-Unis, où est née lindustrie phonographique, que lon en a produit le plus. Plusieurs pays industrialisés dEurope, notamment lAllemagne et la Belgique en ont également fabriqué un grand nombre. En France, la seule usine Pathé a produit de 1900 à 1910, entre 30 et 45 millions de cylindres. De cette production massive, il ne subsiste quune part infime. Cest que les cylindres sont très cassants et sujets à plusieurs types de dégradation typiques des matières organiques et des matériaux composites. Il ne reste en France que quelques milliers de documents exploitables aujourdhui.
De cet état de fait, il résulte une indispensable sauvegarde de ces documents sonores qui sont parmi les plus anciens. Cette sauvegarde s'articule au moins en trois points essentiels: la collecte, la conservation, la copie droite.
Pour la collecte, beaucoup dinstitutions publiques ont conservé un grand nombre de documents jusquà nous. Nombre damateurs particuliers en ont également trouvé, qui seront peut-être un jour accessibles, mais il reste à identifier un grand nombre de petites collections qui existent dans des musées et bibliothèques en province. Beaucoup denregistrements sonores dimportance sont ainsi recherchés, sur la foi de documents écrits qui en donnent la trace: ainsi en est-il des cylindres privés dAuguste Rodin, dun reportage sonore effectué en Egypte par léditeur de musique Achille Lemoine, ou des enregistrements effectués à lAcadémie des Beaux-Arts par Charles Gounod et lastronome Janssen en 1889, ou encore des cylindres du Graphophonoscope dAuguste Baron.
Il reste beaucoup à faire dans le domaine de la conservation, car on ne sait pas toujours distinguer parmi les dégradations, celles qui sont dûes à des moisissures, de celles qui seraient dûes à une instabilité des composants (perte d'homogénéité de la matière, avec "résurgences" de produits chimiques en surface affectant le sillon, ressemblant à sy méprendre à des moisissures). De même, on ne sait toujours pas quelles sont les causes précises de la dégradation des cylindres, tout en admettant qu'un taux d'humidité assez réduit ainsi qu'une température stable sont les meilleures conditions de conservation.
Le travail présenté ici a été fait dans le but de combler le troisième élément, le plus important peut-être, de cette politique de sauvegarde. Celui qui consisterait à recopier, pendant qu'il en est encore temps, le contenu sonore des cylindres anciens, sur des supports modernes, numériques ou analogiques. Le problème de la copie est le même, quoique moins crucial, pour les disques du début du siècle: ceux-ci se conservent mieux, et il existe un grand nombre de tables de lecture pratiques.
Une réaction spontanée aurait été de penser qu'il suffit, pour obtenir une restitution fidèle, de jouer le cylindre sur l'appareil d'époque pour lequel il était prévu. Ce moyen tendrait à restituer les conditions d'audition de l'époque. Mais cette idée est illustoire pour plusieurs raisons: d'abord le fait qu'enregistrer, pour le sauvegarder, un son qui sort d'un pavillon, pose des problèmes majeurs de prise de son. Le résultat obtenu est fatalement affecté de phénomènes de réverbération, sorte d'écho que le microphone enregistre, et qui brouille quelque peu le message sonore, écho que l'oreille humaine sait évacuer à l'audition directe, mais qu'elle ne sait pas filtrer dune séquence enregistrée.
En outre, le microphone enregistre le bruit mécanique du phonographe lui-même qui, s'il ajoute au charme ainsi qu'à un certain sens de l'authentique, n'en affecte pas moins le message sonore. De plus, lorsquils sont disponibles, les appareils d'époque, loin d'être des horloges de précision, ajoutent du pleurage, du scintillement, tous défauts que l'on se doit de limiter.
Enfin, et c'est là le plus grave, le phonographe, avec son lourd diaphragme reproducteur des sons, qu'il soit porté par un bras de lecture, ou directement attaché au pavillon, altère le sillon à chaque audition, d'une façon irrémédiable si bien qu'une cinquantaine d'auditions, même si elles sont effectuées avec les plus grands soins, rendent certains cylindres inaudibles. A cet égard, on peut affirmer que le pire ennemi du cylindre (il en est d'ailleurs de même pour le disque), c'est le phonographe! Dès la première audition sur appareil dépoque, on distingue en effet de la matière du cylindre (ou du disque) proprement labourée, sous forme de microscopiques copeaux qui adhèrent à la pointe mousse du diaphragme-lecteur.
Certains bras de phonographes exercent une force qui équivaut à 100 grammes, concentrés sur les deux flans du sillon en cours de lecture. On veut obtenir au contraire une lecture avec une force dappui beaucoup plus faible, qui aura pour effet de limiter les frottements et donc lusure du document. On comprend dès lors que la solution de la transcription des cylindres ne passe pas par l'emploi des appareils d'époque, qui n'en resteraient pas moins de valables sujets d'étude au point de vue des caracéritiques acoustiques. S'il faut éviter la prise de son par microphone, la solution passe par une lecture électrique directe, cest à dire une lecture qui transforme la modulation du sillon en signal électrique amplifiable.
A l'ère du laser, la solution la plus logique serait celle d'une lecture du sillon sans aucun contact, au moyen d'un faisceau lumineux réfléchi au fond du sillon. Cette idée est en butte à de nombreux problèmes, outre celui des moyens financiers. Les matières des cylindres, font de leurs sillons de médiocres réflecteurs de lumière. Considérant de plus qu'il existe une infinité de couleurs de cylindres, de compositions, ainsi que plusieurs largeurs de sillons, on comprend qu'il faudrait un faisceau lumineux d'une extrême précision, et muni d'une très grande flexibilité de réglages, pour sadapter à tous les indices de réfraction. Ajoutons à cela le fait que beaucoup de cylindres ne sont pas absolument ronds, ils sont souvent ovalisés ou déformés, et présentent des tolérances gênantes à une lecture normale, peut-être insurmontables à une lecture optique asservie
Les conditions d'une bonne lecture:
Le problème technique majeur est lhétérogénéité des modèles. Certains cylindres ont un pouce de diamètre (25,4mm), d'autres font un peu plus de 12 cm de diamètre. Les longueurs variant de 2 à 28 cm! Le pas des sillons est également très variable. Certains cylindres n'ont que 7 spires au cm, d'autres plus de 20 spires. Enfin, tous sont plus ou moins déformés. Tous ces points soulèvent trois types de problèmes de lecture: le suivi de piste, ou déplacement latéral du bras; la gamme des vitesses; la tenue en piste, ou constance dadhérence au sillon.
|
|
Pierre Clément (1906 - 1970) dans
son atelier. Photo aimablement communiquée par M. Raymond Bernard. |
L'asservissement optique de Clément, qui équipa tout d'abord ses mythiques modèles A1 et A1B, fut retenu dans presque toutes les platines tourne-disques à bras tangentiel construites depuis. Ce système permet de lire les cylindres avec une force dappui très faible, située entre 1 et 3 grammes en pratique.
(Pour en savoir plus sur les platines à bras tangentiel A1 et A1B cliquer ici)
La tenue en piste et la gamme de vitesses:
Ces deux paramètres sont étroitement liés, puisquils mettent à lépreuve linertie du bras de lecture, qui doit vaincre le paradoxe suivant: suivre sans déraper une modulation microscopique au fond dun sillon qui présente un balourd de plusieurs millimètres, à une vitesse de rotation rapide (de 90 à 190 tours-minute), avec une force dappui la plus faible possible.En effet, la matière dun cylindre, quil soit de cire ou de celluloïd, est souvent déformée, ce qui provoque une excentration, et donc un balourd à la rotation. Le cylindre ne tourne pas rond, ce qui cause un pleurage à la lecture, ainsi que des erreurs dans le suivi de piste. En un mot, le bras saute sur les bosses. Des excentreurs placés de part et dautre de laxe de rotation du cylindre doivent permettre dajuster la surface de lecture de celui-ci, de façon à la rendre constante et à réduire ainsi le pleurage. Par ailleurs, une solution pratique pour assurer le suivi de piste des cylindres les plus déformés, et diminuer donc les forces dinertie qui pourraient faire déraper le bras, consiste à diviser la vitesse de lecture par deux, en vue denregistrer le document sur une bande magnétique que lon jouera ensuite deux fois plus vite.
LArchéophone, prenant en compte de telles exigences, répond à toutes les conditions dune bonne lecture et permet ainsi une trascription rationnelle du contenu sonore sur supports modernes. Le moteur qui entraîne le cylindre par courroie peut tourner de 40 à 250 tours, et un tachymètre à affichage numérique permet dapprécier la vitesse exacte de rotation.
Henri Chamoux
L'Archéophone, lecteur universel de cylindres phonographiques,
dans sa première version en 1998
-------------
Quelques informations sur les platines Clément à bras tangentiels modèles A1 et A1B
-------------
1998-2008, l'Archéophone a 10 ans - hommage à Pierre Clément
-------------
|
|||||
|
Contact | ||||
|