Samedi 8 septembre 1945
Une lettre parlée à ma bien chère maman et à tous,
par Gaston - 500 Diversey Prwy - Chicago, IL.
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Envoi de Gaston Quentin Teillaud
17-N-State St. Rm 1308
Chicago 2 ILL. USA
aux bons soins de M. et Mme. BERGOT
à remettre à Mme. Eugénie TEILLAUD
33 rue du Roi de Sicile Paris 4ème - FRANCE
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Face 1 (mp3) :
- " Aujourd'hui, huit, samedi huit septembre
1945. Ici station mondiale Deversey, sous la direction du directeur de
la partie musicale sans instrument, Gaston. Comme toujours, fidèle à sa
belle tradition et glorieux passé, notre station de T.S.F. demeure
unique en son genre, et comme les haricots verts, c'est toujours
garanti sans fil.
Il sera exactement huit heures du matin, quand
la cloche, surnomée le Bourdon de la Tour, résonnera. Mesdames,
messieurs, encore onze secondes, et les vibrations puissantes et
majestueuses vous parviendront...
Ah! Mesdames, messieurs, la direction s'excuse de cet incident mais, au
lieu du grand bourdon, nous sonnerons ce matin, le petit bourdon, le
tout petit bourdon, le tout petit petit bourdon. Maintenant, mesdames
messieurs, écoutez... chhhut !
[ " Ding " ]
Vous avez entendu le tout petit bourdon.
Donc aujourd'hui, la station mondiale Deversey, sous la direction du
directeur de la partie musicale sans instrument, Gaston, offre à son
auditoire élégant la prime heure de l'année : un message venant
directement d'Amérique. De Chicago, United States of America."
[musique]
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" Mes bien chers tous,
Grâce
à mes chers amis, Monsieur et Madame Bergot, j'ai le plaisir de vous
faire, de vous faire parvenir quelques mots, de Chicago. Je voudrais à
mon tour être de retour à Paname. Mais il me faudra encore attendre je
crois jusqu'au printemps prochain, car les visiteurs comme les gars
comme Gaston, de [ 2 ou 3 syllabes ici ],
enfin tous les français de la colonie qui demeurent restés en Amérique,
ne sont pas encore autorisés à visiter l'Europe, pour la simple raison
que les conditions élémentaires en France sont trop mauvaises.
Il y a deux semaines, quand le général de Gaulle était à Chicago, j'ai
eu l'occasion, je veux dire l'honneur de causer, au général Juin.
Après avoir reçu une lettre de mon oncle de Marseille, je lui, je lui
en cause, enfin nous échangions quelques mots, et il me certifia que
les conditions à Marseille, dans le sud de la France en général,
étaient excessivement mauvaises. Il me dit : cependant à Paris les
conditions s'améliorent, elles sont loin d'être normales, mais elles
sont préférables à celles du sud de la France.
Donc tout ensemble, les conditions en France ne sont pas agréables.
D'après vos lettres, quoique vous ne vous plaigniez pas beaucoup, on
peut toujours à lire, on peut arriver à lire entre les lignes, et à
constater que la guerre a laissé des conditions très pénibles en
France.
Je vous ai envoyé depuis le mois de juin sept colis de onze livres.
J'attendais des nouvelles, enfin pour savoir si vous les aviez reçus.
N'ayant aucune nouvelle, j'ai attendu. Aujourd'hui je vous envoie
encore deux autres paquets, espérant que tous vous arriveront. Si
j'étais persuadé que ces paquets vous arrivent, je vous en enverrais
plus souvent. Mais à part ceux de quatre [...] livres, je ne sais pas
encore si les derniers vous sont arrivés, ceux de onze livres. Je vais
tourner mon disque de l'autre côté."
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Face 2
:
"
Je reprends donc ma lettre. Au sujet des colis, il me reste encore,
let's see : quatre et trois sept, j'ai encore sept colis prêts à
partir, au magasin. Euh tous mes colis, tous les colis que je vous
envoie sont numérotés à partir du numéro un. Ceux que je vous ai
envoyés sont numérotés un deux trois quatre cinq six sept. Ceux que je
vous envoie aujourd'hui sont numérotés huit et neuf, et ainsi de suite.
Donc aussitôt que vous recevez un colis de onze livres, laissez le moi
savoir. Laissez moi savoir également si... si vous constatez que des
parties, qu'une partie ou une autre du colis a été volée.
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Ah
! maintenant pour changer un petit peu : ici à Chicago, la température
est très élevée. Il fait chaud autrement dit. L'humidité est écrasante.
Ce matin, ils annonçaient à la radio, 91 pour cent d'humidité. Encore
neuf pour cent et on peut commencer à nager ! La chaleur dans les
appartements est intenable, tout au moins pour moi, moi qui n'aime pas
la chaleur, je suis très mal placé. Hier soir il y avait encore 31
degrés centigrade, devant la fenêtre, et je peux dire au soleil, hier
soir. Ce matin, je regardais le thermomètre, et il y avait encore 31
degrés.
Certainement que dans le milieu de la journée, il fait
beaucoup plus chaud, la température doit monter à 34, 35, 36, 37, 38.
Hier, au thermomètre américain, il y avait 92 degrés, de chaleur, plus
l'humidité. Autrement dire on ne sèche pas, on est toujours mouillé,
moi tout au moins je suis toujours mouillé. En plus de ça, je ne tiens
pas à me plaindre, c'est pas la question, mais si vous ne reconnaissez
pas ma voix aujourd'hui, vous pouvez l'attribuer à la fièvre des foins.
La fièvre des foins est une allergie. C'est-à-dire que la personne,
l'individu qui est atteint de cette, de cette faiblesse, eh bien! se
mouche sans arrêt, éternue très souvent, ses yeux sont rouges, brûlent,
et pleurent constamment : c'est tout ce qu'il y a de plus ennuyeux.
En plus de ça, pour mon cas c'est la poitrine qui me fait mal, ma
p'tite poitrine. La poitrine, j'suis toujours en train de, hum,
tousser, toujours très mal, et c'est toutes les années la même chose :
depuis la dernière semaine du mois d'août jusqu'au premier, jusqu'aux
premières gelées. Je me mouche, j'éternue, je pleure, je tousse. Alors
ça influence la voix énormément. Je parle comme si j'avais, hum, comme
si j'avais un rhume de cerveau...
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Ma
femme voudrait bien dire quelques mots, mais elle se plaint de ne peas
savoir suffisament le français, elle dit qu'elle ne veut même pas dire
un mot.
- Charlotte ! j'vais l'appeler voir : Charlotte!
[il s'éloigne, puis revient]
No, she is very bashful I mean, euuh en français elle est très timide,
sur ce rapport; ne connaissant pas le français, elle fait quelques
mots, quelques paroles, elle ne veut pas les dire parce qu'elle a peur
de faire des erreurs. Donc elle se renferme dans un silence abstenu.
Voilà, ça c'est la femme, hum...
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Euh
! quelles sont les nouvelles encore ici à Chicago, eh bien ma foi comme
je vous le disais dernièrement, enfin il y a quelques instants, le
général de Gaulle était de passage à Chicago, avec son état-major, le
général Juin et puis, le... comment, c'est un lieutenant-colonel qui
est son aide de camp, donc toute la colonie française a été voir le
général de Gaulle, à l'hôtel Blackstone, il a été très charmant, il
nous a causé... très, comment dirais-je, très très très très gentiment
c'est pas le mot, mais enfin, nous l'aimons bien. Il nous a également
serré la main comme à de vieux copains. Tout s'est bien passé ce
jour-là. Il y avait eu beaucoup de français dans les alentours et à
l'hôtel, et le général de Gaulle et puis son aide de camp et le général
Juin, ont eu une très grande ovation. Il y avait une parade aussi à
Chicago dans la rue principale, et les trottoirs étaient complètement
noirs [de] la foule [...] de Chicago. "
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Face 3
:
" Le numéro trois de ma lettre...
Il est maintenant neuf heures moins le quart du matin. Je vais bientôt
arrêter, et partir à mon travail. Auparavant, hum, sur moi-même je n'ai
pas grand chose à dire; sur ma femme, non plus; Marcel est toujours en
Floride, sa santé... s'est bien améliorée, aussi bien dire qu'il va
très bien. Il travaille, il vit toujours comme un bon français : il
mange bien, il dort bien, il aime bien ! C'est complet quoi ! Le climat
là-bas lui plaît beaucoup : il fait chaud, mais la chaleur est plus
sèche qu'à Chicago, excepté que la saison des pluies. Le restant de
l'année est toujours beaucoup plus plaisant.
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Il
y a des palmiers, de gros oiseaux qui chantent, de la verdure, des
fleurs et un soleil radieux, et, tout à côté de son travail il a la
mer. Alors entre-temps il va prendre un petit bain de soleil, un petit
bain dans la mer, se chauffer les côtelettes sur le sable... sur le
sable d'or... enfin c'est un pays idéal.
A Chicago nous n'avons pas
ça : c'est toujours la poussière, la suie, le trafic des voitures, la
fumée, la chaleur... qui est très pénible, et l'hiver, un froid très
pénétrant. Et il fait froid. Ma santé va bien, mon estomac ne me
dérange plus maintenant, mon travail, très bien je travaille toujours,
le soir je donne des leçons de maquillage dans une école de beauté :
dans une école de charme ! La journée, je vends mes cosmetics, et puis
entre-temps je m'amuse à faire des gadgets, Monsieur Bergot,
certainement vous en touchera deux mots, car lui-même, m'a aidé au
début, à me faire des ressorts en métal; je suis en train de faire un
porte-clés automatique. J'en avais fait deux modèles : le premier était
tout-à-fait rudimentaire, tout-à-fait... ah c'était un modèle, une
esquisse, très rude. Le deuxième était déjà beaucoup plus élégant, et
marchait beaucoup mieux. J'ai été voir un avocat, et il est en train de
faire faire des recherches à Washington. Pour la suite nous verrons...
J'ai aussi un niveau d'eau, ce qu'on appelle un niveau d'eau, Pierre
doit certainement savoir ce que je veux dire. Ce niveau d'eau, non
seulement marque, euh montre l'horizontale, la verticale, l'oblique,
mais montre également tous les degrés d'inclinaison, c'est dire 360
degrés. Je l'ai également donné à mon avocat, et il fait des
recherches. J'espère toujours arriver à quelque chose avec un truc ou
un autre quoi ! ...
Hum !
Voyons voir si je suis encore en voix je pourrais peut-être vous
chanter une petite chanson, comme dans l'ancien temps. Je ne suis pas
très en voix, autant vous le dire tout de suite. Maman se rappelle très
bien la chanson du vin champenois
: une française me l'a donnée et... je l'ai en mains, et je vais vous
la chanter. Le temps est un peu court sur ce disque là faudrait que je
finisse sur l'autre côté. Enfin allons-y :
Si ... ? ... l'or vert
Ô vin de Beaune ou de Tonerre
Moi j'adore les brillants rubis
De la Champagne où je naquis
Quand j'aperçois ces perles blondes
Ainsi que dans un carnaval
Je vois à travers le cristal
Passer les femmes de deux mondes
Alors je dis :
Ô vin joyeux, glou glou glou glou
Nectar mousseux, glou glou glou glou
Liqueur de flammes
Vin de la femme
Du champenois, glou glou glou glou
Quand je te bois, glou glou glou glou
Vin sans pareil
Je ... ?... soleil. "
Face 4
:
" Deuxième couplet... je vais prendre un peu
plus bas.
J'ai des vins brûlés de l'Espagne
Ou des bières de l'Allemagne
Leur vin nous grise lourdement
Leur bière nous glace le sang,
Le vin qui chez nous prend naissance
Rend les coeurs aimants et joyeux
Et les vins les plus généreux de tous les vins
Sont ceux de France
Aussi je dis
Ô vin joyeux, glou glou glou glou
Nectar mousseux, glou glou glou glou
Ô Germanie, sombre patrie
Quoiqu'ils soient grands, glou glou glou glou
Tes régiments, glou glou glou glou
Ce vin français, non, non
Tu ne l'auras jamais.
...
Et ensuite je vais vous chanter Les
Cloches, tu veux pas Jean-Pierre, une vieille chanson, tu te
rapelles au phonographe maman?
Le sonneur du beffroi Jean-Pierre
Solitaire gravit au sommet
Là-haut parmi les vieilles pierres
Qui gardent si bien leurs secrets.
Mais les cloches sont ses compagnes
Et le soir quand vient Margoton
Eveillant l'écho des montagnes
S'envole un joyeux carillon.
Ecoutez-donc les vieilles cloches
Chanter l'heure du rendez-vous.
Voici Margoton qui s'approche,
Leur murmure est encore plus doux.
Ecoutez, les échos répondent,
Et du haut de la vieille tour
S'envole une chanson d'amour
Les cloches chantent.
Un soir Margoton l'infidèle
A Jean-Pierre fit ses adieux
Elle allait, horrible nouvelle
Epouser un autre amoureux.
[ici on entend un oiseau chanter]
Et torturé jusqu'aux entrailles
Jean-Pierre le carillonneur,
Dut sonner pour leurs épousailles
Hurlant de rage et de douleur.
Ecoutez les vieilles cloches
Qui sonnent des carillons fous
Pour l'infidèle au coeur de roche
Pour Margoton et son époux.
Ecoutez, les échos répondent
Et Jean-Pierre le délaissé
Frappa le bronze à le briser
Les cloches grondent.
Elles ont toutes des blessures
Les cloches du carillonneur
Mais plus cruelles sont les blessures
Que Jean-Pierre porte en son coeur.
Pour mettre fin à son supplice
Hanté par le passé maudit
A l'heure où sonne l'office
Jean-Pierre au battant se pendit.
Ecoutez donc les vieilles cloches
Comme un carillon écroulé
De Jean-Pierre c'est la caboche
Qui frappe le bronze peiné.
Elles sonnent sa dernière heure
Et jetant encore aux échos
Un dernier râle de sanglots,
Les cloches pleurent.
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Et
c'est tout pour les chansons. Le disque s'étire à sa fin; il ne me
reste plus qu'à vous embrasser tous bien fort, à vous souhaiter [une
bonne] santé, et je vous enverrai tous les paquets, mais laissez-moi
savoir ceux qui vous arrivent. Beaucoup de paquets, beaucoup de
vêtements.
Au revoir, bons baisers à tous! Merci Bergot
... Pour toi Maman. Pour toi, Nénette, pour
tous ; au revoir. "
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Face 5
:
[Il s'agit de bouts d'essais]
"
Aujourd'hui, huit, samedi huit septembre 1945. Ici station mondiale
Deversey, sous la direction du directeur de la partie musicale sans
instrument, Gaston.
Comme toujours, fidèle à sa belle tradition
et glorieux passé, notre station de T.S.F. demeure unique en son genre,
et comme les haricots verts, elle est toujours garanti sans fil.
Ah! Ah! Ah! Ah!
[ici on entend bien les
oiseaux]
Il sera exactement huit heures du matin, quand la cloche, surnomée le
gros bourdon de la tour, résonnera.
- Ahhh!
[ coupure...]
|
[ Andrews
sisters ]
Mesdames, messieurs, nous regrettons ce petit incident, une chose
inespérée nous est arrivée: figurez-vous que je viens de recevoir
Monsieur le boucher. Il nous apporte un beefsteak, et ma femme n'a pas
pu tenir le coup : trop d'émotion. Enfin nous regrettons ce petit
incident, et nous continuons avec le programme. D'ailleurs ma femme qui
est à présent ici va vous dire quelques mots dans un petit instant.
[ Andrew Sisters, le volume
augmente ]
Ceci est notre nouveau programme de musique américaine
[
il siffle et fredonne en même temps ... suivent 20 secondes de silence,
car le volume a accidentellement été ramené à zéro; puis Charlotte en
anglais : ]
- I...... get at all
and I could sing for you in French but if I ever get to France I'll try
to do my best rendation of the Marseillaise, which I have then known to
do very well. We are I think glad to know that you're all together and
it's then a marvelous relief to hear from you because we were very much
worried, and I hope you're getting the packages we're sending, we're
sending them, as many as we think we can, and if there's anything that
you want and that we haven't sent, please write and tell us.
-
Hum, just a second. Vous n'avez pas entendu le début de sa causerie,
parce que ma foi l'appareil n'était pas réglé pour ça. You see I didn't
.. the recording machine when you started to talk. So you have to start
from the very begining (rires). Elle va recommencer dès le début, euh
dès le début,
- I forgot what I said to
start with. I just said Hi! I wish I could talk to you in French, and
well ... I can't but I'm thinking about you ... I hope I meet you some
day.
- That's very good. Très bien. Hum.
Oui ma machine n'avait pas été réglée pour causer dans le microphone.
Alors pendant quelques secondes ma foi, c'était le silence absolu, vous
n'avez pas entendu sa voix. Au fait aujourd'hui c'est dimanche, le
dimanche 9 septembre, hum, j'avais arrêté ce petit, ce disque au début,
et je l'ai remis aujourd'hui. Euh, contrairement au projet de Bergot,
qui devait repartir aujourd'hui, son départ a été retardé, et ne part,
ils ne partent que mardi. De là , hum, la raison que je fais encore ce,
ce record aujourd'hui. Je dois aller le voir bientôt, vers 9 heures
j'dois le, le rencontrer chez des amis dans le, dans le nord; et je lui
porterai ce record. Je tourne le record de l'autre côté maintenant. Je
vais vous jouer un peu de musique américaine hein? Pour changer. "
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Face 6
:
[Andrews sisters]
" Et nous continuons avec la musique
américaine, et la petite causerie à la famille.
[ il siffle et fredonne, sa
femme aussi semble-t-il ]
- Faisons un tour sur la radio voir ce
qu'ils disent un peu partout, en vitesse :
[musique : " ... radio
readers digest"],
- station WAGM, [ chant lyrique ],
station WOBQ ... et les nouvelles en anglais, ça c'est une chanson
d'église, qui va sortir.
Excusez-moi je suis toujours en train de renifler, et de me moucher, de
graillonner, j'ai la fièvre des foins, et ça me dérange beaucoup
aujourd'hui. C'est pas rigolo. Dites-donc alors au fait euh, des
nouvelles : je devais toujours entendre, euh, recevoir une lettre de
Lucien que je n'ai pas encore reçu. Comment va-t-il?
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Et comment va Monsieur Poisson? Je n'ai
aucune nouvelle de lui non plus. J'ai reçu les lettres de Pierre, et
j'ai également reçu les photographies de Bernard et de Nénette. Et je n'ai, je n'en ai aucune à vous
envoyer de nous. Mon appareil de photographie a été volé, m'a été volé,
et je n'ai fait aucune photographie depuis, car d'abord les pellicules
sont en dehors de, du public, les appareils photographiques, on ne peut
pas y toucher, ils sont excessivement chers, parce qu'ils sont très
rares, donc je n'ai aucune photographie à vous envoyer mais dès que je
le peux je le ferai. D'abord je ne suis pas très beau, je perds, j'ai
perdu mes cheveux encore davantage, j'ai presque une petite boule bien
ronde, et puis encore quoi je commence à avoir quelques, quelques
lignes, à gauche et à droite, mes cheveux grisonnent sur les tempes,
mais j'ai toujours gardé ma belle forme, mes muscles ... Ooh! Charlotte
has something to say, Charlotte veut vous dire quelque chose en
Français :
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- What can I say, I can say : nous voulons
la photographie de tous la famille.
- Plus fort
- Plus fort?
- oui plus fort, tell us !
- Nous voulons la photographie de tous la famille.
- Très bien !
- What did I say ?
- You want the photography de toute la euh, the whole family. [rires] Elle veut la photographie
de toute la famille.
- Oh I said tous
- bien de tous, de tous, de toute, the whole family. That's very good, [rires], hum, c'est très bien.
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J'ai
du mal à lui faire dire quelques mots en français, parce qu'elle est,
sur ce point là elle est très timide, elle a toujours peur de faire des
erreurs, et puis de, qu'on se moque d'elle.
Eh bien aujourd'hui
comme j'étais très fatigué, c'est à cause de ma fièvre des foins c'est
[....?], je devais aller en ville, je devais faire beaucoup de travail
aujourd'hui et puis je n'ai rien fait, je suis resté à la maison, tous
les deux, et qu'est-ce que j'ai fait, j'ai lu un peu et ma foi j'ai
dormi la moitié du temps. J'étais mal fichu mon nez coulait (snif!) ah!
excusez moi, c'est pas aujourd'hui que je pourrai chanter. Hum. Euh,
quelles sont encore les nouvelles? Si, attendez voir, je vous enverrai
des disques, si vous avez des moyens, un moyen de les jouer, de les
faire jouer quelque part, écrivez-le moi et je vous en enverrai
davantage. C'est toujours plus agréable d'entendre la voix des siens.
Je voudrais bien que vous puissiez en faire autant également, mais ce
n'est pas facile. Ces disques là ne sont pas faciles à avoir, je me
défends comme un diable dans un bénitier pour les avoir à un prix
réduit. Et ils ne font que d'être euh, ils commencent, on commence à
les refabriquer à nouveau mais pendant la guerre, c'était très
difficile à avoir. Cependant j'ai pu en avoir d'autres de différents
genres et j'ai fait des recueils de la voix de Roosevelt, de Churchill,
de beaucoup, de tous les évents, de tous les événements de la guerre
passée. Enfin tout va bien, le disque tire à sa fin, donc [je vais
bientôt l'] arrêter.
Donc
mes bien chers tous, je vous embrasse tous bien fort, tous, Maman,
Nénette, Pierre, Lucien, Madeleine, euh Henri, Mangeronès, Poisson,
toute la famille, Mme Lapeyre, Mme la ptite oh, Mme Lapeyre la bonne
concierge ! Allez [avec Charlotte]
au revoir, toute la famille, c'est ça, au revoir à tous ! "
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